Indiana ne portait pas encore son chapeau mais je voyais qu'il en trépignait d'impatience. Et Joe dans tout ça, qu'est-ce qu'il pouvait en penser ? On ne le sut jamais. En tout cas j'affûtais ma lame en attendant que la poussière retombe. C'était un mardi, il y a quelques jours de cela...

On était là comme des cons à se demander ce qu'on allait bien pouvoir faire de notre week-end.
Jusqu'à ce qu'il y en a un qui propose (Indiana);
- visite d'un parc national.
OK proposition validée.
Nous voila donc dans une forêt qui ressemble en bien des points à une forêt classique dans ce pays si l'on ne nous avait pas dit que c'était un parc national. (Non loin d'Abidjan).
Première étape : arrivée à un "petit village" -> deux bâtiments qui se battent en duel au beau milieu de la "zone tampon" c-à-d pas encore dans le parc à proprement parler mais pas non plus dans la civilisation. On a fait environ 30 minutes de piste quand même pour y accéder. Heureusement d'ailleurs qu'on a fini par arriver car la nuit est tombée d'un coup.
Nous sommes maintenant entrain de déballer nos affaires.
C'est sympa, les bâtiments ne sont pas en ruine ; on va pouvoir dormir dedans et accrocher nos moustiquaires. (comme des bons toubabs qui craignent les petiteuh bêteuh)
Indiana en plus de son chapeau s'était vêtu d'un ensemble baroudeur/aventurier. Il ne lui manquait plus que le fouet ou le lasso.
Déjà les personnes qui nous accompagnent préparent le feu. On va pouvoir se faire un pti barbecue. Ah c'est chouette.
Un peu plus tard, après le dîner, je m'éclipse quelques secondes pour aller voir autour des cabanes accompagné de ma seule lampe torche. Des lucioles et des vers luisants m'accueillent, ce qui confère à la scène un caractère surréaliste : je me crois dans un pays enchanté. Les bruits de mes camarades se fait de plus en plus distant au fur et à mesure que je m'éloigne, et c'est la rumeur grandissante de la brousse qui pénètre dans mes oreilles. C'est incroyable ce bruit de fond. On dirait que la brousse toute entière se réveille pendant la nuit. On entend comme un sifflement très strident et continu, sûrement produit par toutes ces petites bestioles qu' on a la joie de trouver dans la forêt. Il est nécessaire d'ajouter à cela des "sons" et autres "bruits suspects" franchement indescriptibles mais qui font étrangement peur. "Ca pourrait être une grosse bête comme le souffle du vent sur un arbre" me dis-je...
Pourtant il n'y a pas de vent...
Je fais encore quelques pas en direction de l'obscurité. C'est assez effrayant de ne pas savoir où l'on pose le pied. Par peur je reste sur place et n'ose avancer plus. J'écoute, je regarde. Puis je rentre au camp.
Une fois revenu près du foyer, je demande à mes camarades s'ils souhaitent m'accompagner pour une petite excursion en "nocturne". Bizarrement, plusieurs d'entre eux semblent intéressés par cette idée à la con. Nous sommes donc trois à progresser sur le sentier que je n'ai osé dépasser tout à l'heure.
Nos guides/accompagnants/gardes du corps sont restés au campement, de même qu'Indiana qui préfère surveiller les merguez, quelque fois qu'il y en aurait une qui ait l'idée folle et subite de sauter hors de sa barquette en polystyrène.
Nous sommes donc 3 sur le chemin. Moi, je suis en dernière position du groupe, peut-être un réflexe de conservation. Un dernier regard en arrière pour voir au loin la lueur des braises qui diminue doucement. Puis nous plongeons dans l'obscurité.
Personne ne dit mot. On avance doucement. Puis je sens un imperceptible picotement dans ma jambe. "tiens c'est étrange" me dis-je intérieurement. Puis un autre picotement suit le premier. Je me frotte la jambe machinalement en me disant qu'il doit y avoir des orties dans le coin. Mais ma main n'effleure que mon jean qui semble intact du côté extérieur. Quelle est donc cette sensation bizarre. Ces picotements commencent à se faire agaçants car c'est maintenant non plus 1 ou 2 mais bien 10 petits pincements que je ressens tout au long de ma jambe gauche. Puis ce phénomène se répand sur l'autre jambe. Même scénario : d'abord très faible et localisé les piqûres se font de plus en plus fréquentes et insistantes tout en remontant le long de la jambe. Après avoir commencé au niveau du tibia, ces petits pics remontent doucement vers les cuisses. Je commence à croire que cette forêt est habitée par quelque esprit malicieux ...
- Eh les gars, vous sentez pas une drôle de sensation dans les jambes ?
- oh si putain
- ah vous aussi, donc ce n'est pas moi qui délire...
- Bon moi je rebrousse chemin.
- Bonne idée (on n'a parcouru que dix mètres à tout casser)
- Raaa ça continue de me piquer et de monter
- MOI AUSSI (nous pressons le pas)
- RAAAAAAAa ça me pique au ventre maintenant (nous commençons à courir)
- ahhhh putain moi je cours
- SAUVE QUI PEUT
- […]
Nous courons à présent chacun à grande vitesse pour rentrer au campement.
- Ah ça me pique de partout c'est quoi ce délire,
Et c'est la qu'on a trouvé la réponse à toutes nos questions. LES MAGNANS
On était accompagné de personnes connaissant un peu mieux le pays, la forêt et la culture locale (puisque ce sont des ivoiriens).
Et là ils nous ont dit que ces "symptômes" étaient ceux des fourmis magnan.
"Vite il faut enlever les vêtement" nous dit l'un d'entre eux.
J'aime pas trop me dénuder en public mais, dans ces cas là, pas trop le temps de temps de tergiverser. Ni une ni deux nous voilà tous trois en caleçon avec les autres de la horde qui nous enlève les fourmis qui sont littéralement plantés dans notre peau. Il faut tirer dessus pour les enlever. C’est bien planté dis donc. Ca piquait partout, dans les chaussures, le pantalon, le ventre, le dos, et même les bras, (heureusement qu'elles ne sont pas allées dans le caleçon)
Puis petit à petit les picotements se font de rares. Chacun vérifie ses vêtements avant de les enfiler à nouveau. Je vois avec dégoût mes chaussures qui sont encore infestées de ces petites bêtes à six pattes qui aiment planter leurs mandibules dans l'épiderme d'une créature vivante passant sur leur chemin. Je les tape contre le sol jusqu'à ce qu'elles soient vides. pfffou.
Après tant d'émotion, et sachant qu'on allait se lever très tôt le lendemain, nous partîmes nous coucher pour une (courte) nuit bien méritée. Mais même dans le lit on a entendu des phrases du genre "ah putain yen a encore une dans mon dos" ou "ah ça ma gratte" mais sans trop de gravité.
Le lendemain (et à la lueur du jour) on a regardé d'un peu plus près l'endroit de la rencontre avec notre ennemi invisible. Une colonne de fourmis traversait le chemin, en ayant creusé son propre passage. Impressionnant.
Les magnans font partie du groupe des fourmis légionnaires. Il parait qu'elles peuvent tuer de grosses bêtes, et même jusqu'à un éléphant voire un homme. En effet elles passent à l'intérieur du corps par une ouverture (je ne fais pas de dessin) et vous bouffent de l'intérieur..................... charmant programme.
Le lendemain on a fait une petite excursion dans la forêt et si on n'a pas vu grand chose, on en a entendu beaucoup. Je laisse quelques photos.
On était là comme des cons à se demander ce qu'on allait bien pouvoir faire de notre week-end.
Jusqu'à ce qu'il y en a un qui propose (Indiana);
- visite d'un parc national.
OK proposition validée.
Nous voila donc dans une forêt qui ressemble en bien des points à une forêt classique dans ce pays si l'on ne nous avait pas dit que c'était un parc national. (Non loin d'Abidjan).
Première étape : arrivée à un "petit village" -> deux bâtiments qui se battent en duel au beau milieu de la "zone tampon" c-à-d pas encore dans le parc à proprement parler mais pas non plus dans la civilisation. On a fait environ 30 minutes de piste quand même pour y accéder. Heureusement d'ailleurs qu'on a fini par arriver car la nuit est tombée d'un coup.
Nous sommes maintenant entrain de déballer nos affaires.
C'est sympa, les bâtiments ne sont pas en ruine ; on va pouvoir dormir dedans et accrocher nos moustiquaires. (comme des bons toubabs qui craignent les petiteuh bêteuh)
Indiana en plus de son chapeau s'était vêtu d'un ensemble baroudeur/aventurier. Il ne lui manquait plus que le fouet ou le lasso.
Déjà les personnes qui nous accompagnent préparent le feu. On va pouvoir se faire un pti barbecue. Ah c'est chouette.
Un peu plus tard, après le dîner, je m'éclipse quelques secondes pour aller voir autour des cabanes accompagné de ma seule lampe torche. Des lucioles et des vers luisants m'accueillent, ce qui confère à la scène un caractère surréaliste : je me crois dans un pays enchanté. Les bruits de mes camarades se fait de plus en plus distant au fur et à mesure que je m'éloigne, et c'est la rumeur grandissante de la brousse qui pénètre dans mes oreilles. C'est incroyable ce bruit de fond. On dirait que la brousse toute entière se réveille pendant la nuit. On entend comme un sifflement très strident et continu, sûrement produit par toutes ces petites bestioles qu' on a la joie de trouver dans la forêt. Il est nécessaire d'ajouter à cela des "sons" et autres "bruits suspects" franchement indescriptibles mais qui font étrangement peur. "Ca pourrait être une grosse bête comme le souffle du vent sur un arbre" me dis-je...
Pourtant il n'y a pas de vent...
Je fais encore quelques pas en direction de l'obscurité. C'est assez effrayant de ne pas savoir où l'on pose le pied. Par peur je reste sur place et n'ose avancer plus. J'écoute, je regarde. Puis je rentre au camp.
Une fois revenu près du foyer, je demande à mes camarades s'ils souhaitent m'accompagner pour une petite excursion en "nocturne". Bizarrement, plusieurs d'entre eux semblent intéressés par cette idée à la con. Nous sommes donc trois à progresser sur le sentier que je n'ai osé dépasser tout à l'heure.
Nos guides/accompagnants/gardes du corps sont restés au campement, de même qu'Indiana qui préfère surveiller les merguez, quelque fois qu'il y en aurait une qui ait l'idée folle et subite de sauter hors de sa barquette en polystyrène.
Nous sommes donc 3 sur le chemin. Moi, je suis en dernière position du groupe, peut-être un réflexe de conservation. Un dernier regard en arrière pour voir au loin la lueur des braises qui diminue doucement. Puis nous plongeons dans l'obscurité.
Personne ne dit mot. On avance doucement. Puis je sens un imperceptible picotement dans ma jambe. "tiens c'est étrange" me dis-je intérieurement. Puis un autre picotement suit le premier. Je me frotte la jambe machinalement en me disant qu'il doit y avoir des orties dans le coin. Mais ma main n'effleure que mon jean qui semble intact du côté extérieur. Quelle est donc cette sensation bizarre. Ces picotements commencent à se faire agaçants car c'est maintenant non plus 1 ou 2 mais bien 10 petits pincements que je ressens tout au long de ma jambe gauche. Puis ce phénomène se répand sur l'autre jambe. Même scénario : d'abord très faible et localisé les piqûres se font de plus en plus fréquentes et insistantes tout en remontant le long de la jambe. Après avoir commencé au niveau du tibia, ces petits pics remontent doucement vers les cuisses. Je commence à croire que cette forêt est habitée par quelque esprit malicieux ...
- Eh les gars, vous sentez pas une drôle de sensation dans les jambes ?
- oh si putain
- ah vous aussi, donc ce n'est pas moi qui délire...
- Bon moi je rebrousse chemin.
- Bonne idée (on n'a parcouru que dix mètres à tout casser)
- Raaa ça continue de me piquer et de monter
- MOI AUSSI (nous pressons le pas)
- RAAAAAAAa ça me pique au ventre maintenant (nous commençons à courir)
- ahhhh putain moi je cours
- SAUVE QUI PEUT
- […]
Nous courons à présent chacun à grande vitesse pour rentrer au campement.
- Ah ça me pique de partout c'est quoi ce délire,
Et c'est la qu'on a trouvé la réponse à toutes nos questions. LES MAGNANS
On était accompagné de personnes connaissant un peu mieux le pays, la forêt et la culture locale (puisque ce sont des ivoiriens).
Et là ils nous ont dit que ces "symptômes" étaient ceux des fourmis magnan.
"Vite il faut enlever les vêtement" nous dit l'un d'entre eux.
J'aime pas trop me dénuder en public mais, dans ces cas là, pas trop le temps de temps de tergiverser. Ni une ni deux nous voilà tous trois en caleçon avec les autres de la horde qui nous enlève les fourmis qui sont littéralement plantés dans notre peau. Il faut tirer dessus pour les enlever. C’est bien planté dis donc. Ca piquait partout, dans les chaussures, le pantalon, le ventre, le dos, et même les bras, (heureusement qu'elles ne sont pas allées dans le caleçon)
Puis petit à petit les picotements se font de rares. Chacun vérifie ses vêtements avant de les enfiler à nouveau. Je vois avec dégoût mes chaussures qui sont encore infestées de ces petites bêtes à six pattes qui aiment planter leurs mandibules dans l'épiderme d'une créature vivante passant sur leur chemin. Je les tape contre le sol jusqu'à ce qu'elles soient vides. pfffou.
Après tant d'émotion, et sachant qu'on allait se lever très tôt le lendemain, nous partîmes nous coucher pour une (courte) nuit bien méritée. Mais même dans le lit on a entendu des phrases du genre "ah putain yen a encore une dans mon dos" ou "ah ça ma gratte" mais sans trop de gravité.
Le lendemain (et à la lueur du jour) on a regardé d'un peu plus près l'endroit de la rencontre avec notre ennemi invisible. Une colonne de fourmis traversait le chemin, en ayant creusé son propre passage. Impressionnant.
Les magnans font partie du groupe des fourmis légionnaires. Il parait qu'elles peuvent tuer de grosses bêtes, et même jusqu'à un éléphant voire un homme. En effet elles passent à l'intérieur du corps par une ouverture (je ne fais pas de dessin) et vous bouffent de l'intérieur..................... charmant programme.
Le lendemain on a fait une petite excursion dans la forêt et si on n'a pas vu grand chose, on en a entendu beaucoup. Je laisse quelques photos.
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On retrouve souvent des personnages noirs célèbres au dos des gbakas, sur celui-là le président des États-Unis, des fois on voit un gars d'une émission 24H (david palmer).... A noter : la chèvre qui effectue le voyage sur le toit....