jeudi 29 octobre 2009

Ce matin, j'ai pris le temps de petit-déjeuner. Je me suis mis tranquillement sur mon balcon, j'ai sorti les couverts. Au menu : papaye et son jus de citron vert, fricassée d'ananas au parfum des îles et bien juteux, et quatre oranges en jus pour se désaltérer, le tout sous un soleil qui commençait à pointer le bout de son nez. Alors que je dégustais en contemplant les arbres devant moi, une pensée m'est venue à l'esprit : YEAH J'ai de la chance.

Après cette introduction qui ne sert strictement à rien sinon à mettre l'eau à la bouche, place à un autre repas qui s'est déroulé le midi il y a quelques semaines.

Un peu à la manière de ces élèves qui organisent un repas de classe on s'était débrouillé pour faire un repas entre collègues et en profiter pour déguster quelques mets locaux. Nous avons alors convenu que nous irions manger le samedi midi une bonne viande de brousse dans un endroit un peu excentré, plus ou moins au calme, mais à minima dans un cadre différents des maquis habituels.
De quatre initialement, nous sommes passés à 6 pour finir à 8 participants. Huit personnes pour une voiture, le calcul était vite fait... il faudrait prendre le taxi pour certains.

Alors le jour J arriva. A 10H précises M.K était là devant chez moi comme convenu (ce qui est troublant quand même c'est qu'on s'était donné RDV à 10H, et non pas à 9H...) Après quelques formalités de carburant et autre allégement de portefeuille, nous nous sommes dirigés en direction de Yopougon (un quartier mondialement réputé pour ses maquis et sa fameuse rue qui évoque une fille de roi, mais aussi une certaine AYA). Là nous devions trouver J.K, S.A et Y.B sous le troisième pont de l'autoroute après les laveurs. (après deux stations essence) Mais entre temps, J.K nous a appelé pour nous prévenir que S.A n'était pas encore arrivé et qu'il préférait nous attendre à Yopougon "sable" (en plein milieu d'un bordel de voitures, de gbakas et de vendeurs en tout genre ndlr) et que de toute façon Y.B arriverait par là également. J'ai donc changé de direction pour aller rejoindre les zigotos restés dans les rues encombrées de Yop city. D'autre part, on s'était rendu compte qu'il nous manquait le numéro de P.A, qu'aucun de nous ne l'avait et qu'on n'était pas sûr que lui, ait l'un des nôtre. C'est pourquoi la veille, avant de me coucher j'avais été lui envoyer un mail après avoir récupéré son adresse en appelant mon chef) Mais il a fini par nous appeler, car un peu plus futé que nous, il avait pris nos numéros. Et lui devait venir avec les autres....
Bref on a finit par reprendre ceux qu'on devait embarquer à Yop, on a traversé un peu la ville, (un peu de tourisme dans un fumée opaque noirâtre ne fait jamais de mal) avec la roue de la voiture qui frottait de temps en sur la carrosserie car à partir de 5 personnes, elle commence à souffrir la titine.
On finit par se sortir de là avec quelques gouttes de sueur, un arrêt par la police (parce que 4 noirs qui ont un chauffeur blanc c'est louche, ou plutôt parce qu'on s'était permis un demi-tour hasardeux sur la route...) et là c'est parti.
Route, route, ça roule de mieux en mieux, puis d'un coup il faut prendre sur la gauche et quitter la bonne chaussée goudronnée pour une piste sableuse mais honnête. Plus que 10 minutes de hauts et de bas et nous y sommes.
Nous avons le temps de nous affairer à une table, de commander l'apéro (bien mérité), de constater qu'il est 11H précises et de voir ce que nous allons commander à manger. Mais à ce moment de l'histoire nous ne sommes encore que 5 sur les lieux. Or (si vous suivez bien) nous devrions être 8.
C'est alors que retentit quelques temps après une sonnerie charmante (...) S.E est à la station essence avec S.W et P.A qui a réussi à retrouver le numéro de S.E par l'intermédiaire de M.K. Je reprends donc les commandes de la "limousine blindée" comme aime l'appeler le mécano pour rejoindre les 3 convives manquants. Nous serons donc tous autour de la table avant midi.

OUF.


J.K , M.K, A.K et Y.B




L'apéro (parlons-en) c'est du bangui (à prononcer "bandji" ou "bangui") , c'est du vin de palme et j'avoue que siroté lentement au milieu des palmiers ça a son charme... surtout quand il est bien fait même. Pour les premiers arrivants, dont je faisais partie, on nous avait servi ça dans des verres normaux, mais pour les nouveaux, ils avaient le droit à une noix de coco.


Bangui servi dans coco



La deuxième vague d'arrivants : I.S, S.E, et P.A


Et question bouffe on s'était mis d'accord sur une jolie bestiole pour nous tous : un agouti. Une moitié braisée et l'autre en sauce. Je me suis concentré sur la partie braisée parce que c'est vraiment excellent. Mais après avoir attendu près de deux heures, après avoir vu tout le monde se faire servir avant nous (même si nous étions arrivés les premiers) et après avoir bien pris l'apéro j'aurais pu manger mes propres chaussures.

Une tong

Petit bonus africain : J'avais laissé la sauce piment sur le côté connaissant l'adresse et leur main un peu trop lourde sur les petits légumes qui arrachent. Mais mes amis semblaient ne pas trop s'en faire cette fois ci... Et comme à l'accoutumée, c'est sur la fin que je me suis fait surprendre. J'avais fini de manger (et de me moucher parce que quand ya piment dêh, bê ya nez qui coule assez même) et on me propose de partager un dernier morceau. Et là je ne sais pas pourquoi, mais même si je sentais que ça arrachait un peu trop la gueule j'ai essayé de continuer à manger jusqu'au moment ou tout a basculé. J'ai commencé à ne plus avoir de sensation dans la bouche si ce n'est la douleur. J'ignore si mes yeux se révulsèrent ou non, mais je pense que j'ai acquis un état de transe d'au moins dix minutes pendant lesquelles je ne pouvais établir aucun contact avec le monde extérieur. Je ne sais pas ce qui se rapproche le plus de cette expérience (se foutre du white spirit dans la bouche et y mettre le feu, mâcher un chiffon imbibé d'acide sulfurique concentré ?) mais c'était fort. Après quelques minutes de divagation totale, à pleurer comme un enfant et à avoir le nez qui coule constamment, j'ai fini par me reprendre. Et j'ai dit un truc du genre "j'ai l'impression de revenir d'une autre planète" Ce qui fait beaucoup rire encore aujourd'hui.

Il m'est arrivé un évènement similaire, il n'y a pas très longtemps et à un tout autre endroit. Pendant la pause déjeuner, je suis allé manger un couscous assez musclé au niveau piment. A un moment j'ai avalé un petit légume orange. Là les choses ne se sont pas passées normalement. J'ai tout de suite demandé à ce qu'on m'apporte un verre (parce que la bouteille d'eau était déjà là) mais ma requête mettait trop de temps à aboutir. Alors j'ai senti monter en moi une étrange sensation : j'ai commencé à avoir des haut-le-coeur et un très fort hoquet ; j'ai pris la bouteille et j'ai bu au goulot tant que j'ai pu...
Moralité : un piment peut ressembler à une carotte. Ne pas s'y méprendre.




En guise de dessert, étant donné que certains avaient encore faim,
on a repris un peu de hérisson en sauce, accompagné de foutou banane...







Non ce n'est pas de la lessive, mais bien un bidon de bangui,
ça n'a pas d'allure je sais...




Grain de café