OUAAAAA je reviens du repas de midi…. Quelques gouttes de sueur viennent perler sur mon front, heureusement que les locaux de la boîte sont climatisés. Je m’installe à mon poste et la fatigue me gagne. C’est le moment idéal pour une petite sieste. Il est 12H45 j’ai un peu plus d’une heure pour me reposer. Mais au lieu de cela je raconte ma vie.
Tout d’abord il faut savoir que beaucoup de français mangent « à la française » dans des resto pour occidentaux et où il est difficile voire impossible de trouver de la nourriture ivoirienne. Je trouve ça dommage d’autant plus que la bouffe ici est très bonne et que c’est incomparablement moins cher. Mais il faut aimer manger au chaud et avec les nombreuses mouches qui viennent nous rendre une visite chaleureuse pendant l’heure du repas.
Bon alors j’avais déjà dit qu’il y avait des petits restos locaux à côté de mon lieu de travail, mais là où je mange c’est encore plus typique. Je suis le seul toubab du coin et des fois on me dévisage. (« Pourquoi il va pas manger dans un coin pour toubabs ? ») Pourtant la zone est plutôt industrielle et les blancs ne se font pas si rares.
Bon on marche un peu et on arrive. Ici en gros le repas c’est 500F en moyenne (75 centimes d’€) on peut trouver encore moins cher si on le souhaite mais la qualité commence à désirer dans ce cas….
Je vais souvent au même endroit : c’est mon collègue Salomon qui m’a conseillé quand je suis arrivé et qu’il m’a aiguillé un peu. C’est un endroit tenu par deux femmes : Laura et Noëlle.
Toujours le sourire qu’il vente ou qu’il neige (mais en côte d’Ivoire il fait toujours beau et chaud) L’une prépare des plats en sauce toujours à base de poisson : sauce graine, sauce arachide, sauce tomate, sauce aubergine… généralement accompagnés de riz blanc ) et l’autre des fritures (igname frit, alloco, poissons frits).
Oublions le porc car ici il y a une grande partie de la population qui est musulmane, le bœuf car ici ils sont tous si maigres qu’on se demande ce qu’on pourrait bien manger dessus (le preuve c’est que souvent on retrouve des morceaux qu’on ne mange pas chez nous : la queue, les pattes et la peau, personnellement je trouve ça très mauvais mais ici ça plaît : question de goût.) et puis s’il n’est pas tué de façon halal ça peut faire des problèmes. Donc il reste le poulet et le poisson dans les animaux classiques. Je n’ai pas encore vu de mouton, ou de lapin, mais je sais qu’on peut manger de l’agouti, de la biche (antilope), du hérisson, qui est en fait du porc épique, du chat, du chien (ok là ça devient rare) Mais j’espère pouvoir en manger avant de partir !
Dans les poulets il faut faire un classement : les poulets industriels élevés en batterie sur un modèle productiviste et qui n’ont sûrement jamais vu la lumière naturelle de leur vie et qui n’auront jamais mangé de produits sains. Puis il y a les poulets qui font la fierté de l’Afrique : les poulets dits « bicyclette » ou encore « africains » avec des cuisses énormes tellement ils ont gambadé dans les forêts et les champs durant leur croissance.
Bon là où je mange il n’y a pas de poulet, Abidjan est un port, et qui dit port dit pêche et donc on retrouve de nombreux poissons.
Une fois la commande passée on va s’asseoir sur un banc en bois (d’une hauteur de 20cm à tout casser) et on mange sur une table, en bois également, pas beaucoup plus haute, on se retrouve courbé pour manger.
mmmmmmmmmmm
Ici il n’y a jamais de couteau, comme bien souvent dans les maquis, peut-être est-ce trop dangereux, je n’en sais rien, mais en tout cas on mange presque toujours avec une cuiller à soupe et une fourchette( laquelle peu robuste se plie souvent si l’on force un peu trop dessus…)Là si on n’est pas servi en eau on gueule un petit coup : « oh là ! ‘faut envoyer l’eau !»
Puis on mange, on transpire vite des jours comme aujourd’hui, manger c’est de l’activité ! surtout avec ce soleil qui cogne…
Il n’est pas rare qu’une poule ou un coq viennent dans le coin, la semaine dernière il y avait une poule avec 6 petits poussins qui tournaient entre mes jambes c’était surprenant. Elles sont pas farouches les poules ici.
Etalage d'alloco, d'Igname et de poissons frits
Un des premiers jours suivant mon arrivée on était allé manger avec Salomon et une poule avait détalé devant nous, j’avais crié « oh putain il y a un poulet en liberté ! » il était mort de rire mon collègue car pour lui c’est classique. Maintenant je suis habitué et c’est vrai qu’il y a toujours des gallinacés qui vadrouillent du côté des petits lieux de restauration.Bon sinon quand on bouffe, c’est un peu moins classe que chez nous, et ça ne pose pas de problème de cracher de gros morceaux de nourriture, des arrêtes de poisson sur la table ou par terre. Moi au début je faisais mon timide, je retirais une à une les arrêtes de ma bouche jusqu’à temps que ça m’énerve et que je fasse comme tout le monde ici.
Bon en général il n’y a pas d’entrée ni de dessert quand on mange ivoirien, juste un gros plat qui remplit bien l’estomac.
A la fin de repas, il y a un rituel à respecter : on tapote sur le banc pour prévenir ses voisins qu’on va partir. Ca paraît bête mais il y a eu plusieurs cas d’accident où une personne se retrouvant assise seule en bout de banc faisait balancier et tombait par terre.
Voici un petit schéma explicatif réalisé sous Paint (le seul logiciel qu’on maîtrise vraiment bien en sortant de l’INSA !!)
Dans la pratique, je n’ai jamais vu quelqu’un tomber à la renverse mais cette petite habitude je l’ai prise également !
Enfin après le dîner, certains vont prendre quelques fruits en dessert, mais peu le font en général. Il y a la vendeuse de fruits en face de chez Joëlle et Nora.
Petit bonus ; une vidéo qui montre comment éplucher une orange. (moi je les achètes « non taillées » mais les gens ici les achètent « taillées » pour les manger sur place. ndlr)
Enfin, après la vendeuse de fruits je passe devant la vendeuse de pains et de jus : j’achète mon pain de mie sucré, très utile pour le petit déjeuner et des fois du jus : le Bissap (Excellentissime) et une fois du jus de gingembre, j’ai avalé une gorgée ça m’a piqué au nez et à la gorge pendant une grosse minute, je n’ai pas réitéré l’expérience. (même si ça a des vertus aphrodisiaques !)
Et là je rentre à allure réduite (on transpire déjà assez comme ça) jusqu’à mon bureau
Bon il y a des jours on j’en ai marre de manger du poisson ou du riz du coup je vais de l’autre côté des bureaux, au lieu de tourner à droite je vais à gauche, il faut marcher un peu plus longtemps avant de trouver les petites cabanes- « cantines » en bois mais il y en a une qui fait des frites de pommes de terre ! Alors là évidemment…. On est un peu loin de la frite de luxe, ou de la baraque mais l’idée est là : au moins c’est des pommes de terre : l’huile utilisée est de l’huile de palme... réputée mauvaise pour la santé. Et avec ça des brochettes de bœuf ! (ah ben on en trouve finalement !) là les prix doublent : on atteint vite les 1000F (1,5€)
Bon à la fin, après le repas on peut toujours faire une partie de baby foot si on en a envie ! (avec une poule nichée dessous).
A bientôt pour de nouvelles aventures.
Il y a quelque temps, j’ai commandé un plat derrière chez moi. Du placally avec une côte de bœuf sauce gombo (ou bongo je ne c plus). J’ai trouvé ça franchement dégueu… La sauce gombo surtout.
Le placally c’est en fait une pâte de manioc qui à un goût amer et qui colmate vite fait l’estomac. Le plat gombo c’est cuire du bœuf (les pattes, la queue) et des crustacés et des escargots dans le même plat. Puis la sauce est constituée de je ne sais quoi mais elle est gluante, et archi pimentée !! Et le mélange bœuf poisson fruits de mer confère un petit goût vraiment étrange.
Je me suis forcé à manger la viande, j’ai eu plus de mal pour le reste.
Ce week-end je suis allé aux fiançailles de deux amis. (25 avril) Le soir on a mangé un peu de crocodile ! Vraiment bon ! c’est de la viande blanche dont le goût me fait penser à la fois à du poisson mais aussi quelque chose d’autre que je ne saurais définir. C’est sûrement ça le fait de découvrir quelque chose de nouveau.
5 commentaires:
Rien à dire à part que c'est à mourir de rire. Même si le gingembre a dû être fatal sur le coup! Tu fais un super Antoine de Maximy "j'irai vivre avec vous".
A+
super!!!
les oranges vertes, c'est normal?
avec le soleil je les aurais vu carrément plus mures....
Merci pour cette visite gastronomique.
Manger comme les " locaux", c'est aussi s'adapter au pays, il faut au moins essayer!
Blog très intéressant et bien conçu
Félicitations Arnaud.
Steph-> Oui DeMaximiy c'est mon idole en ce moment
Julien-> Les oranges sont naturellement vertes ici. Très vertes quand elles ne sont pas encore mûres et vert-jaune quand elles sont bonnes. Mais au fait c quel julien ? Julien V, Julien C, Julien D ? ...
Claudine -> Ben ça fait plaisir de voir que les parents des amis s'intéressent à ce blog ! Bonne lecture.
Ben ca à l'air bien bon tout ça ! Je vois que tu en profites bien et que tu decouvres plein de trucs !
A bientot (a treminis?)
olivier
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